Voyager avec des allergies alimentaires


De retour de trois semaines au Japon, j'ai eu envie de partager nos trucs et astuces pour voyager malgré nos allergies alimentaires. Autant vous le dire tout de suite : c'est compliqué, parfois même TRÈS compliqué et frustrant. Mais j'aime trop voyager pour m'en priver, alors on essaye de faire avec.

J'ai déjà partagé notre expérience lors d'un podcast en anglais pour Epic Education, mais c'était avant le Japon et donc un pays dont nous ne maîtrisons pas la langue. 


Avertissement préalable : cet article est le fruit de notre expérience uniquement, adapté donc à notre type d'allergie et notre famille. Ce n'est en aucun cas un conseil médical et je vous invite à adapter les astuces à votre cas particulier.

Pour notre cas, nous avons des allergies de type retardé. Cela signifie que notre vie n'est pas en jeu (ouf), mais que les réactions peuvent durer sur plusieurs semaines voire mois (aïe). Les douleurs digestives sont au mieux inconfortables, au pire insupportables (à en tourner de l'œil, je n'exagère pas), la fatigue est écrasante, l'humeur des enfants épouvantable et je ne parle pas des crises de fibromyalgie que cela me provoque. Bref, notre régime est normalement strict, mais les accidents ne sont pas absents surtout en voyageant...

1er défi : l'avion


Si le trajet n'est que de maximum 3-4 heures tout va bien, prenez de quoi grignoter, pas de quoi en faire un plat. Au-delà, ça se complique. Surtout si vous cumulez les allergies comme nous.

En effet, les compagnies aériennes proposent des repas pour les régimes spéciaux. MAIS (et ce n'est pas un petit mais) uniquement gluten free ou dairy free ou... Bref, oubliez la possibilité d'avoir un plateau pour poly-allergique, j'ai demandé, on m'a répondu impossible.

Donc que faire ? 

Jusqu'ici nous avons opté pour demander le sans gluten et slalomer entre les plats pour éviter le lait (je ne parle même pas du soja *soupir*). Nous pouvons nous le permettre parce que comme je le disais avant notre vie n'est pas en jeu, mais je le déconseille fortement. Tout d'abord nous n'avons pas toujours la liste des ingrédients de ce qu'on nous sert (c'est même minoritaire), et selon la compagnie celle-ci est illisible (oui mon chinois est limité j'avoue). Je vous le dis tout net : on a joué, on a parfois perdu. 
Résultat pour le prochain voyage je pense qu'on demandera le plateau 100% fruits qui est proposé, au moins pas de risque.

Dans tous les cas je conseille TRES fortement d'emmener de la nourriture compatible avec soi pour le vol. Entre les fois où nos plateaux spéciaux ont été donné à d'autres passagers par erreur, les fois où on ne pouvait rien manger, etc, ça nous a bien sauvé. Le truc étant qu'en partant de chez soi c'est simple de trouver / préparer ce qu'il faut, quand on quitte un pays inconnu c'est une autre histoire... Et je ne parle pas de l'encombrement quand vous avez deux jours de voyage (Paris-Vanuatu genre au pif).

Attention aussi à l'arrivée à ne pas faire rentrer des aliments interdits, comme les fruits frais en Australie / Japon / Chine / Vanuatu pour ne citer que quelques exemples que je connais. Les amendes sont sévères, ne prenez pas de risque. Mais vous pouvez les prendre sur les vols avec vous si vous les consommez ou les jetez avant le passage de la quarantaine.

D'ailleurs si vous avez des escales il est indispensable d'avoir de quoi dépanner. À Sydney pas de souci, il y a une chaîne de resto mexicain qui propose une option sans gluten et un tableau des allergènes. À Canton je n'ai même pas tenté ! L'aéroport est assez pauvre en options (limite un peu glauque), uniquement là pour les correspondances, et je n'avais pas envie de retirer la monnaie locale juste pour quelques heures. Bref, on avait des fruits, fruits secs et chips (comme on était en transit, nous n'avons pas passé de quarantaine) et ça nous a suffit entre deux avions.


2nd défi : les courses


Avant ce voyage je n'avais visité (depuis notre diagnostic) que des pays d'Europe. Les étiquettes comportaient donc toujours une version au moins anglaise, langue que je maîtrise. Autant dire que le Japon ça a été une autre paire de manche... J'ai commencé à apprendre la langue, mais elle est loin d'être facile, surtout à l'écrit.

Pour rendre la vie plus simple en voyage avec des allergiques, l'idéal est de pouvoir cuisiner. Nous avons donc opté pour des locations d'appartement et je dois dire que ça nous a enlevé une partie du problème tout de même. Je vous conseille d'emmener un peu de bouffe simple (et que vous avez le droit d'importer !) avec vous pour les premiers repas, ça permet de se poser avant de passer aux choses sérieuses.

À savoir lire les étiquettes... Si vous prenez des fruits et légumes ou de la viande ou poisson et du riz bruts, pas trop de souci. Pour des trucs transformés par contre ça se gâte.

J'avais préparé le terrain en amont : j'ai appris à lire / prononcer les kanjis pour les allergènes qui nous concernent. C'était finalement assez simple de vérifier leur présence ou non sur les étiquettes, mais apparemment imparfait vu les symptômes en fin de séjour. La fonction image de Google Translate peut aider, aussi imparfaite (elle aussi) qu'elle soit. À Tokyo notre hôte habitait sur place et nous a bien aidé à revérifier les étiquettes en cas de doute, mais après j'étais seule pour gérer.

Avoir une cuisine nous a aussi permis de nous préparer des bentos. Nous avons acheté des jolies boîtes à bento pour tous et nous préparions ainsi notre pique-nique à emmener avec nous.

Quelques sites sur lesquels j'ai fait mes recherches préparatoires :


3ème défi : manger à l'extérieur


Là encore tout est dans la préparation. Oui si vous m'avez lue jusqu'ici vous avez dû comprendre que l'improvisation est extrêmement difficile avec des allergies alimentaires.

La première chose à faire avant le voyage est de se renseigner sur l'alimentation en général dans le pays. Si vous pensez que le Japon ne pose pas de problème pour le gluten : raté ! Certes il y a beaucoup de riz et de poisson, mais la cuisine japonaise ne se limite pas aux sushis, qui ne sont même pas toujours exempts de gluten eux non plus. Les Japonais mettent de la sauce soja PARTOUT (notre hôte nous a même dit que c'était un défi pour lui de cuisiner sans) et celle-ci contient du blé (en plus du soja mais ça on s'en doutait un peu). Le vinaigre des sushis contient souvent du blé lui aussi. Bref, alors que je mange des sushis sans me poser de questions en France / Australie, au Japon j'ai été malade la fois où j'ai tenté sans demander (une fois, pas deux !). Le lait est facile à éviter en revanche, mais le soja évidemment pas.

Selon l'alimentation de base du pays, la connaissance des allergies dans celui-ci et le type d'allergie c'est donc plus ou moins facile d'y voyager de base... La Suède a été un vrai bonheur, Londres plutôt simple aussi, l'Australie a pas mal d'options, la Toscane trop facile. Le Japon... pas vraiment. 

Bref, cette première recherche permet déjà de savoir où on met les pieds et les plats qui a priori ne poseront pas de problème. Quelques exemples de spécialités que nous avons pu tester : les yakitoris (brochettes de viande) en demandant à les cuire avec du sel (PAS de sauce soja), certains daifukus (miam !) et confiseries (dont j'ignore le nom, une spécialité de Kyoto en photo ci-dessous), les sushis EN DEMANDANT AVANT, certains onigiris, le curry japonais spécial allergiques d'une chaîne de resto...


Ensuite si vous ne maîtrisez pas la langue du pays, apprenez au moins à dire des trucs indispensables comme les noms de vos allergènes et trimballez une carte explicative. J'en ai fait une avant le voyage en m'aidant des sites dont j'ai parlé plus haut, de mon dictionnaire, mon japonais de survie et en demandant à des amis de vérifier (j'ai plusieurs amis Japonaises ou mariés avec une Japonaise).

Cette antisèche m'a bien servi, quand la personne en face daignait la regarder... Oui j'ai eu l'expérience très désagréable du type qui m'a dit "non" en entendant "allergie" sans même prendre la peine de vérifier quoi que ce soit. Seule au milieu du centre commercial bondé, avec trois enfants fatigués, alors qu'on avait tous faim, le refus poli (c'est le Japon...) mais désagréable et sans la moindre empathie, m'a mise en colère, frustrée et donné envie de m'asseoir dans un coin pour pleurer... C'est aussi ça vivre avec des allergies alimentaires. 
(Résultat on a encore mangé des onigiri et des chips, gros ras le bol ce jour là)

Bref je digresse... En attendant dans le micro resto de yakitori le cuisinier a pris ma carte et tout checké plusieurs fois. Et on a SUPER bien mangé ce jour là !

Je vous mets la photo ici. 
Le texte dit : "Nous sommes allergiques au gluten et aux produits laitiers. Mon fils est allergique au gluten, aux produits laitiers et au soja." Puis j'ai listé les grands produits correspondants à chaque allergène.


Mais en toute honnêteté, tenter les resto au pif avec la carte n'a absolument pas fonctionné au Japon. Aucun problème en Europe, au pire ils te cuisinent un truc pas forcément génial exprès, mais tu arrives à manger. Au Japon c'est juste non. Poliment. Toujours. Avec des excuses.
Ce qui ne résoud pas le problème pour autant quand tu as faim / des enfants qui ont faim.

C'est là que la préparation en amont intervient et que l'on remercie le dieu internet. Oui, au minimum.

Il y a donc des sites et groupes qui répertorient les restaurants / magasins compatibles ou accommodants, en tout cas au moins pour le gluten. En général si le resto fait du sans gluten, il sera aussi ouvert d'esprit sur les autres allergènes et on arrive à se débrouiller.

Pour les pays occidentaux, j'utilise en général le site Gluten Free Roads qui existe aussi sous forme d'app. Pour le Japon il est vide en revanche, mais j'ai trouvé un groupe sur Facebook qui m'a ÉNORMÉMENT aidée avant et pendant (le jour hyper décourageant dont je parlais juste avant, j'y ai lancé un appel et reçu beaucoup de soutien pratique et émotionnel) : Gluten-Free Expats Japan! Grâce à ce groupe j'ai eu des adresses insérées sur mon Google Maps, des conseils concrets, bref bonheur ! 
Pour d'autres pays, il y a le groupe Gluten Free Travel.
De façon générale, je fais toujours des recherches Google avec le nom du pays et "gluten free". Il y a souvent des associations, ou des gens qui ont galéré avant toi et en ont fait un article de blog, des adresses...

Grâce à ces recherches nous avons pu apprécier un plateau de cuisine typiquement japonaise, sans gluten ni lait, version sans soja pour mon fils. C'était délicieux. C'était vers la fin du séjour après tant de galères, de moments de frustration. 
J'en ai presque pleuré de gratitude.
(Ne faites pas attention aux udons de ma fille, elle n'est pas allergique - la veinarde)

Conclusion : ça vaut la peine ?


Est-ce qu'on a galéré ? Oui. 

Est-ce que j'ai été frustrée, voire déprimée par moment ? Absolument.

Est-ce que je le referai ? Cent fois oui ! J'aime trop voyager pour m'en priver. Depuis toujours, j'aime découvrir d'autres cultures, paysages, langues, populations, alors je n'arrêterai jamais de voyager à cause de ça. Quitte à bouffer des chips, du riz et des fruits pendant 3 semaines (ça sent le vécu ? Si peu !). 

Et le Japon en vaut LARGEMENT la peine ! Nous avons eu un coup de foudre pour ce pays, de sa culture traditionnelle à sa modernité, de la gentillesse de ses habitants, ses paysages superbes, sa sérénité, son efficacité.

Mais c'est vraiment difficile par moment. Le Japon est aussi le pays qui m'a le plus frustrée à cause de tous ces plats qui sentaient si bon, avaient l'air si appétissants. Avec un peu plus de temps, on aurait pu trouver des alternatives comme on le fait au quotidien chez nous, mais sur un court séjour on fait ce qu'on peut.

Dernier petit conseil : si vous avez des médicaments, prenez des réserves avec vous. Pour le Japon on trouve tout, seulement une fois de plus il y a la barrière de la langue pour trouver le bon médicament et vérifier s'il ne contient pas de blé / lait / soja / insérez ici votre allergène. Nos allergies ne peuvent pas se soigner en cas d'accident, mais nous prenons tout de même du paracétamol et des médicaments pour les troubles digestifs pour soulager les symptômes. J'en avais avec moi et ça a (malheureusement) été utile plus d'une fois.

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Commentaires: 6
  • #1

    Isabelle la cousine (mardi, 25 avril 2017)

    Coucou. Je trouve ton récit très bien fait et très intéressant. Très instructif aussi sur les difficultés au quotidien. Vous n'avez pas le choix comme certains qui décident de devenir végétariens ou autre et vous devez faire avec. Chapeau pour l'organisation et sympa de savoir que des réseaux existent pour aider!

  • #2

    Isa LISE (mardi, 25 avril 2017 10:01)

    Merci pour ce billet complet dans lequel je me suis retrouvée... aussi bien pour l'envie de pleurer surtout lorsqu'une allergie pointe son nez parce qu'on ne s'est pas assez méfié... que pour le fait d'être prête à repartir! :)
    Quelques ajouts :
    - J'ai appris hier qu'en Belgique on trouvait des rayons végétariens avec des produits sans lait, c'est toujours ça. :) à voir si aussi sans gluten...
    - Pour la restauration française, avis plus mitigé que toi... plusieurs expériences où les filles n'ont quasiment rien mangé ou bien l'une a été malade parce que soi-disant adapté et "j'avais juste mis un filet de beurre, c'est rien", ben non ça n'est pas rien !!
    - Taïwan : plutôt plus facile qu'en Chine par exemple où là si tu cumules avec le végétarisme, ça me semble compliqué de s'alimenter...
    - Meilleure expérience : Londres ! Ils ont des listes toutes prêtes avec les principaux allergènes :) - Hic : ils ont tendance à mettre pas mal de produits laitiers et huile de palme (un des aliments soucis pour nous).

    Bonne journée à toi!

  • #3

    Anne-Cerise (mardi, 25 avril 2017 11:06)

    Merci les deux Isa ;-)

    Isa Lise : d'accord avec toi que la restauration française n'est pas toujours accueillante, mais je t'assure qu'elle est 100 fois plus souple que la japonaise ! Pour les expériences sans préparation au Japon, si la recette est comme ça, ben tant pis pour ta pomme, ils ne l'adapteront pas...
    Bon à savoir pour Taïwan, c'est dans notre liste de voyages / déménagements potentiels.
    Meilleure expérience pour moi : la Toscane sans hésiter !

  • #4

    Florence la belle-soeur (mardi, 25 avril 2017 12:49)

    Hello! Ca me rappelle des souvenirs! Pas tous agréables effectivement. En fait, je crois qu'en voyage, les gens sont déjà déphasés, ont perdu certains repères (genre : les fournisseurs habituels de nourriture, les types de plats...)... et cela les rend déjà bien nerveux, stressés, fatigués... alors quand les allergies ou maladies s'en mêlent, avec la barrière de la langue, c'est toujours un vrai bonheur! Mon pire souvenir? un voyage à Prague avec un copain. Je maîtrise super mal l'anglais, j'avais un allemand passable et à Prague, le français n'est pas une langue bien répandue. Œdème de Quincke dans la rue, un samedi soir suite à une absorption d'eau non potable. Comment on demande où se trouvent les médecins encore ouverts, les pompiers ou autre (quand on ne connaît pas les services de santé du pays)? Comment expliquer qu'on a besoin de cortisone quand on ne connaît pas le nom latin? Le tout en soutenant un mec assez lourd qui s'étouffe. Que personne ne percute ce qui se passe. Enfin, comment retrouver où ledit pote a été emmené pour être soigné? Ca avait été un bonne soirée pourrie! Mais effectivement, le lendemain, le voyage reprenait sans souci, ce qui n'est pas le cas avec des allergies retardées! P'tit loulou a mis plus d'un mois a se remettre de l'Australie et du Vanuatu (essentiellement des contaminations dans l'avion ou l'aéroport d'Abu Dhabi. C'est marrant les frites sans gluten et sans lait à l'aller mais qui ne sont plus sans allergène au retour!)
    En tout cas, bravo pour votre voyage et gros bisous!

  • #5

    Anne-Cerise (mardi, 25 avril 2017 13:21)

    Vous me faites marrer Isa et toi avec vos pseudo lol !

    Oui voilà, en voyage tu n'as plus tes repères habituels pour les courses, souvent même il y a des trucs exotiques dont tu ne soupçonnais pas l'existence et la langue n'aide pas. J'imagine sans mal la galère que tu racontes et vous avez dû avoir super peur !

    Je vois très bien pour les accidents de R. Je crois vraiment que le prochain vol on demandera plateau 100% fruits, trop dangereux sinon. Gabriel et moi avons été bien malades déjà dans un des vols aller...

  • #6

    K (jeudi, 30 août 2018 15:42)

    Les spécialités japonaises de Kyoto (gâteaux) sont des yatsuhashi.Le yatsuhashi cuit est fait avec de la pâte de riz, de la poudre de cannelle et du sucre, il contient parfois de l'anko (pâte réalisée avec des haricots azukis) à l'intérieur.
    Voilà!