Sans aller à l'école, je suis devenu mangaka - Syoichi Tanazono

Résumé éditeur 

Le jeune Masatomo aurait pu avoir une vie normale : jusqu'à son entrée à l'école primaire, il était en effet un petit garçon plutôt jovial. Mais hélas, en première année, sa trop colérique professeur lui donne un gifle particulièrement violente et pas du tout justifiée. Dès lors, la spirale infernale commence pour Masatomo, qui n'ose plus retourner à l'école : peur du regard d'autrui et des rumeurs, incapacité à sortir de chez lui, difficultés à s'intégrer et à se comporter naturellement avec les autres... Tous les ans, malgré les efforts de ses parents, mais aussi de nombreux professeurs et pédagogues, il n'arrivera jamais à suivre une scolarité ordinaire. Préférant passer ses journées chez lui, à copier des dessins de Dragon Ball... Et si, au fil des pages, une vocation salvatrice était en train de naître ?

Avec un tel titre, ce manga ne pouvait que capter mon attention. En effet, nos trois enfants sont instruits en famille depuis 4 ans, suite à de mauvaises expériences avec le système scolaire. Ce choix, largement minoritaire, est rarement traité dans la littérature et lorsqu'il l'est c'est sous l'angle extrêmement biaisé de l'enfermement de l'enfant (voir par exemple The Book of Ivy).

Ici l'auteur nous apporte son témoignage sur sa phobie scolaire, développée par la faute d'une enseignante violente. Le cercle vicieux s'est déclenché avec cette claque, entraînant ensuite le harcèlement de certains camarades, une lutte de l'enfant pour être "normal" et l'impuissance des parents à aider leur fils. Plus qu'une véritable déscolarisation, c'est une scolarisation en pointillé que vit Masatomo et l'on est bien loin d'une instruction en famille assumée comme pour notre famille. J'ai eu mal pour cet enfant et ses parents qui luttent pour rentrer dans la norme à tout prix, allant contre la solution la mieux adaptée à leur situation.

Ce témoignage est cependant un support intéressant pour comprendre ce que vivent certains enfants. Le récit est en effet vu à travers les yeux de Masatomo, qui a 6 ans au début. Le lecteur peut ressentir ses peurs, ses cauchemars, son incompréhension des autres, sa souffrance. J'espère que ce témoignage permettra à certains de mieux comprendre l'impact que les adultes référents peuvent avoir sur les enfants et ce qu'est la phobie scolaire. Le harcèlement scolaire est aussi bien abordé : c'est un sujet qui me touche particulièrement pour en avoir été moi-même victime (voir aussi le merveilleux A Silent Voice sur ce thème). 

Mais surtout ce manga pose une question essentielle : doit-on à tout prix se conformer à la norme ? Il y a longtemps pour ma part que j'ai répondu "non" et c'est finalement le cheminement douloureux que va réaliser Masatomo grâce à sa passion pour le dessin. Celle-ci est un nouvel exemple parmi d'autres de l'importance d'apprendre dans le plaisir, plutôt que suivant un programme et des méthodes prédéterminées. C'est aussi une preuve que l'école n'a pas l'exclusivité des apprentissages.

En conclusion, ce manga est un récit intéressant, à ne prendre que pour ce qu'il est : une expérience personnelle. L'instruction en famille a de multiples visages, beaucoup sont bien plus joyeux et détendus que ce qu'a vécu cet enfant !

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Commentaires: 5
  • #1

    Isa LISE (lundi, 09 mai 2016 07:50)

    Merci pour ce commentaire après lecture Anne-Cerise !

  • #2

    Tiphanya (lundi, 09 mai 2016 08:58)

    Je l'ai acheté mais je n'ai pas encore pris le temps de le lire.
    Pour la scolarité en pointillé, de ce que j'ai survolé du livre, il manque un détail important : la scolarité est obligatoire au Japon. D'où les retours à l'école. Dans le même genre, je te conseille Cat's street, un très bon manga sur une jeune qui a fui l'école. Mais comme l'IEF n'existe pas, elle ne fait rien jusqu'au jour où elle rencontre une école alternative. Ce n'est pas le récit d'une re-scolarisation (elle n'ira à aucun cours pendant presque toute la série), mais d'une envie de prendre en main sa vie et de ses faire des amis.

  • #3

    Anne-Cerise (lundi, 09 mai 2016 09:08)

    Ah non, la scolarité n'est pas obligatoire au Japon (source : HSLDA et un contact qui y vit), mais elle est la norme. Et les Japonais sortent très difficilement de cette dernière.

    Merci pour la référence, je regarderai à l'occasion.

  • #4

    Tiphanya (mercredi, 18 mai 2016 10:10)

    Suite à ton message j'ai refait une recherche. Je m'étais renseignée il y a 4 ans lorsque nous avions le projet d'y aller pour quelques années et je n'avais trouvé que des infos sur l'instruction obligatoire, la difficulté à faire l'IEF même en étant étranger, etc.
    En même temps, cela semble être un beau flou juridique quand même.

  • #5

    Anne-Cerise (mercredi, 18 mai 2016 10:38)

    Apparemment il y a surtout beaucoup de pression sociale si tu sors de la norme, plus encore qu'en France. Mais venant d'occidentaux c'est mieux accepté semble-t-il.

    Bon moi la pression sociale, ça me passe au-dessus, donc ce critère ne m'empêche pas de rêver que l'homme obtienne un poste au lycée français de Tokyo !